Un jour viendra où l’on traitera indifféremment de l’entrepreneuriat en général, sans distinction de genres. Mais pour l’heure, si l’on parle encore de la femme entrepreneur, c’est que les inégalités avec les entrepreneurs masculins y sont encore nombreuses.
Des différences de traitement et d’attentes, sans doute, mais certainement pas de succès.
Plusieurs raisons expliquent que les chiffres de la création d’entreprise chez les femmes soient encore bas.
Mais la dynamique générale forme un cercle vicieux basé sur l’incertitude. Un manque de confiance, tant de la part des investisseurs et des partenaires que des femmes entrepreneurs elles-mêmes.
Et pourtant, ces chiffres augmentent presque tous chaque année, ils révèlent des projets différents, mais des réussites égales et de nombreux challenges à venir.
Vous êtes une femme entrepreneur, auto-entrepreneuse, ou vous aspirez à le devenir ? Et doit-on dire femme entrepreneur, entrepreneure ou entrepreneuse ?
Cet article énumère les principaux obstacles qui se dressent sur votre chemin et donne des pistes pour les contourner.
Contenu de l’article
- Les chiffres de l’entrepreneuriat au féminin en 2020
- Pourquoi la femme entrepreneur est-elle en sous-effectif ?
- Femme entrepreneure : comment se lancer ?
- Pourquoi devenir une femme entrepreneure ?
- Comment se lancer dans l’entrepreneuriat en minimisant les risques ?
- Savoir s’entourer en tant que femme entrepreneure
- Découvrir le documentaire Foundation qui suit le parcours de femmes entrepreneures
- Vous souhaitez en savoir plus ?
Les chiffres de l’entrepreneuriat au féminin en 2020
Si les statistiques s’améliorent chaque année, les chiffres de l’entrepreneuriat féminin et du leadership féminin en général, en France, sont loin d’atteindre la parité.
En effet, la femme entrepreneur ne représente que 40 % des entreprises créées et dirigées par des femmes, tous secteurs confondus.
Ce chiffre tombe à 30 % pour le nombre de startups co fondées par des femmes, puis à 7 % de fondatrices et dirigeantes, un chiffre en baisse de 3 points par rapport à 2017. Les femmes sont globalement sous-représentées dans le paysage de l’innovation, avec seulement 40 % des postes occupés.
La situation est franchement alarmante dans la tech, avec seulement 17 % des postes occupés par des femmes en 2018.
Du côté de l’encadrement, les chiffres concernant les femmes dirigeantes ne sont pas meilleurs : 38 % des femmes seulement sont cadres, 20 % sont cadres supérieurs.
La meilleure statistique, bien qu’encore non paritaire, concerne la présence des femmes aux conseils d’administration d’entreprises cotées en bourse et ce, grâce à la loi Copé-Zimmermann de 2011. Preuve que l’encadrement législatif fonctionne lorsqu’il s’agit de faire respecter la parité.
Ces chiffres inégalitaires reflètent-ils un manque d’intérêt des femmes pour l’entrepreneuriat ou plutôt des comportements de rejets de la part des acteurs en place, majoritairement masculins ?
Pourquoi la femme entrepreneur est-elle en sous-effectif ?
Les raisons pour lesquelles il y a plus d’hommes que de femmes entrepreneurs sont multiples, mais elles sont toutes sociologiques.
Un cadre patriarcal peu valorisant
Même si les choses bougent, il y a d’abord le cadre résistant du schéma patriarcal, qui influence le choix d’études des jeunes filles. Dans le pire des cas, elles ne sont même pas encouragées à étudier. Et lorsqu’elles le sont, on ne les dirigent que trop rarement vers des carrières fortement rémunératrices ou techniques, comme les sciences, l’ingénierie ou même le sport.
De leur côté, elles ressentent des attentes à la baisse par rapport aux garçons et se dirigent plus naturellement vers des carrières tout aussi intéressantes, mais moins attractives sur le plan financier et moins compétitives.
Malgré tout, les femmes sont globalement plus éduquées et plus diplômées que les hommes. Alors pourquoi ne les retrouve-t-on pas en supériorité du côté des leaders ?
Un monde encore dirigé par les hommes
Pour beaucoup, il y aura ensuite un problème de confiance à l’arrivée dans le monde du travail. Il s’agit alors de s’affirmer, de s’imposer, de communiquer sur son travail et de se battre pour qu’il soit reconnu à sa juste valeur. Bref, de prendre sa place de femme dirigeante.
Des caractéristiques naturellement encouragées chez les hommes et logiquement omniprésentes, puisque l’encadrement professionnel reste majoritairement masculin.
Certaines y arriveront sans peine. Mais pas la majorité.
Les inégalités salariales sont impressionnantes en France : seulement 6 % des entreprises de plus de 250 salariés versent un salaire égal homme/femme. Si ce chiffre est l’entière responsabilité des dirigeants d’entreprises, les recruteurs savent bien que les femmes ont toujours tendance à demander moins que les hommes lors de leur embauche ou concernant les augmentations. Un cercle vicieux donc.
Anne Boring, qui dirige la récente chaire pour l’entrepreneuriat des femmes à Science Po, relève d’ailleurs que les difficultés rencontrées par les femmes en début de carrière sont les mêmes que lorsqu’elles se lancent dans la création d’entreprise :
- Manque de confiance
- Pas ou peu d’expérience dans la présentation d’un projet, dans l’expression en public
- Pas ou peu de culture financière
- Pas ou peu de modèles féminins inspirants
À Sciences Po, les étudiantes assistent à hauteur de 50 % au cours d’initiation à l’entrepreneuriat, mais leur participation à l’incubateur tombe à 30 %. Elles sont donc intéressées, mais ne se lancent pas forcément.
Les obstacles de la femme entrepreneur
“Les femmes, avec des revenus et des patrimoines moins élevés que les hommes, sont moins riches qu’eux et donnent la priorité à la famille et à la sécurité financière. Elles manquent en outre de culture financière et n’ont pas de modèle féminin auxquels s’identifier”.
Voici encore l’analyse de Florence Richardson et Catherine Abonnenc, dirigeantes de l’association Femmes Business Angels, dont le rôle est de promouvoir la mixité dans ce monde hyper masculin de l’investissement.
L’observatoire de l’entrepreneuriat de la BNP Paribas confirme ces déclarations : le manque de confiance serait trois fois supérieur chez les auto-entrepreneuses.
La peur de ne pas dégager assez de revenus, la peur de l’échec financier et le manque de confiance sont les principales raisons qui freinent la femme entrepreneur pour se lancer.
Les chiffres relatifs à l’investissement confirment également cette tendance : le taux de rejet de crédit demandé par des créatrices d’entreprises est de 4,3%, quand il est de 2,3% pour les hommes.
61% des femmes pensent que les hommes obtiennent plus facilement de financement bancaire et 73 % lancent leur entreprise sur leurs fonds propres.
Enfin, les femmes ont tendance à demander moins aux banques.
Eva Sadoun, fondatrice de lita.co, plateforme de crowdfunding, en témoigne : « J’ai le sentiment que les femmes déterminent plus justement leur besoin de trésorerie alors que les hommes cherchent à maximiser les sommes levées pour acquérir des parts de marché plus rapidement. »
De côté des investisseurs tech, ce n’est pas mieux : depuis 2008, seuls 2 % des investissements en startups ont été accordés à des projets portés par des femmes.
Comme souvent, on voit bien que beaucoup de femmes ont tendance à se contenter de la part que veulent bien leur donner les hommes.
Dernier sujet, celui de la masculinisation de l’entrepreneuriat au sens large. Pour s’identifier et croire que c’est possible, mais aussi pour avoir la même importance, les femmes ont besoin de se retrouver dans leur intitulé de poste et de porter leur réussite avec fierté. C’est pourquoi pour le reste de cet article nous n’utiliserons plus le mot femme entrepreneur mais femme entrepreneure ou entrepreneuse.
Femme entrepreneure : comment se lancer ?
Heureusement, il y en a aussi beaucoup et de plus en plus, qui n’ont pas l’intention de s’en contenter. Ce sont les modèles des femmes entrepreneurs de demain, celles qui manquaient cruellement jusque-là.
Clémence Franc – CEO et co-fondatrice de NovaGray
Clémence n’a pas encore 30 ans et a déjà fondé en 2015 NovaGray, avec son associé David Azria. Cette startup met au point des tests sanguins permettant d’identifier les patients sur lesquels les traitements radiothérapies pour le cancer provoqueront des effets secondaires lourds. L’entreprise travaille ainsi sur des traitements du cancer personnalisés.
Stéphanie Hospital – Fondatrice et dirigeante de One Ragtime
Vice-présidente d’Orange digital pendant plusieurs années, Stéphanie Hospital fonde en 2016 le fond d’investissement One Ragtime, avec un modèle innovant. Le fond accompagne à 360 degrés des entreprises du monde entier et a lancé sa plateforme de crowd equity, un peu sur le même principe que le crowdfunding. One Ragtime a déjà accompagné 17 entreprises, avec des investissements de 1 à 4 millions d’euros.
Céline Lazorthes – fondatrice et CEO de Leetchi et Mangopay
Elle a lancé le service de cagnotte en ligne Leetchi en 2009 et le cède en 2015 au Crédit Mutuel Arkéa pour 50 millions d’euros. Puis elle fonde le service de paiement en ligne Mangopay en 2013, tout en dirigeant encore Leetchi depuis le rachat. Elle est aussi membre du conseil d’administration de l’association France Digitale.
Fany Pechiodat, co fondatrice de My Little Paris et fondatrice de Seasonly
Le succès de Fany Pechiodat est parti d’une newsletter, envoyée pour la première fois en 2008, sur les bons plans parisiens. Elle récupère 10 000 abonnés en 6 mois et lance une startup avec sa sœur, sans aucune connaissance digitale. Aujourd’hui, l’entreprise compte plus d’un million d’abonnés, 70 employés et a été rachetée à 60 % par auféminin.com, le tout sans levée de fond. Depuis, Fany a crée Seasonly, une marque de produits de beauté “clean”.
Roxanne Varza – Directrice de Station F
Roxanne, femme dirigeante s’il en est, d’origine iranienne et née aux États-Unis, a fait ses études en France. Elle s’est très vite intéressée au monde des startups et crée le blog Techbaguette pendant ses études. Elle y traite de l’innovation et de l’entrepreneuriat français, à destination des investisseurs anglo-saxons. Elle est repérée par TechCrunch et dirige un temps la rédaction de la version française. Elle rejoint ensuite l’incubateur de Microsoft pendant 3 ans. Elle dirige aujourd’hui Station F, l’incubateur de Xavier Niel, 34 000 mètres carrés dédiés aux startups.
Caroline Receveur – Influenceuse, CEO de Recc Paris et co fondatrice de Wandertea
Caroline Receveur est une influenceuse et entrepreneuse française, à la tête de deux entreprises : Wandertea, une marque de thé detox (créée avec son compagnon de l’époque, Valentin Lucas) et Recc Paris, une marque de vêtement. Elle a commencé en tant que blogueuse et mannequin, mais a su transformer ces expériences médiatiques en succès durable, avant ses 30 ans (Non pas que cela soit une limite). Elle a fait la couverture de Forbes magazine en septembre 2019.
Mathilde Lacombe – Fondactrice JolieBox (aujourd’hui Birchbox) et Aime Skincare
Mathilde Lacombe était elle-même blogueuse beauté lorsqu’elle découvre une vidéo d’une Youtubeuse américaine qui présente le concept de la box beauté, Birchbox.
Elle décide aussitôt de monter l’équivalent en France et le succès est immédiat. Entre temps, les deux entreprises ont fusionné et Mathilde gère toujours avec ses associés les branches européennes. En 2018, elle fonde une seconde marque, Aime Skincare, des compléments alimentaires qui subliment la peau. Ah, elle a aussi trois enfants et souhaite écrire un livre.
La liste est bien plus longue. Et tandis que ces étoiles sont déjà loin, de nombreuses autres femmes se lancent chaque jour dans la création d’entreprise.
Pourquoi devenir une femme entrepreneure ?
Comme les chiffres le montrent, l’envie de l’entrepreneuriat au féminin existe bel et bien.
Et malgré les doutes évoqués plus haut, elles sont nombreuses à sauter le pas. 69 % des entrepreneures tentent l’aventure pour la première fois en 2019. Un bel exemple de courage.
Parmi les raisons qui poussent les femmes entrepreneures, on trouve en tête de liste un meilleur équilibre de la vie personnelle et professionnelle.
Comme pour les hommes, l’auto-entrepreneuse moyenne est mariée, a des enfants, et doit concilier vie familiale et vie professionnelle. Ce n’est donc pas étonnant que 51 % d’entre elles soient principalement motivées par cet argument.
Par ailleurs, 6 femmes sur 10 considèrent que leur projet d’entreprise est un moyen de changer la société, d’apporter leur contribution à un monde meilleur. 37 % des entrepreneuses se lancent d’ailleurs pour se sentir plus autonome, et 35 % d’entre elles estiment donner ainsi plus de sens à leur vie.
Dans quels business se lancent les femmes entrepreneures ?
D’une manière générale, le conseil, le service et l’e-commerce ont les faveurs de la femme entrepreneur française. 40 % des micro-entreprises sont dirigées par des femmes dont :
- 1/3 dédié au conseil aux entreprises
- 1/4 au service aux personnes
- 1/5 à l’e-commerce
Selon Starther, un collectif bénévole visant à mettre l’entrepreneuriat féminin sur le devant de la scène, 59 % des entreprises créées par des femmes dans la Tech en 2017, et ayant levé des fonds, se situent dans le secteur de l’e-commerce et des e-services.
Les derniers chiffres disponibles, datant de 2017, indiquent que 37 % des e-commerces sont détenus par des femmes. Ce chiffre a très certainement augmenté depuis.
Par ailleurs, elles se positionnent facilement sur les trois niches les plus performantes de l’e-commerce :
- Mode
- Culture et loisirs
- Beauté et bien-être
En revanche, voici le top des secteurs choisis par les e-commerçants, d’après la dernière étude Oxatis sur le profil de l’e-commerçant :
- Maison et jardin
- Mode
- Culture et loisirs
Peut-être encore de belles créations d’entreprise à tenter sur le secteur de la beauté ?
Comment se lancer dans l’entrepreneuriat en minimisant les risques ?
Si l’aventure entrepreneuriale vous tente, mais que les mêmes blocages évoqués ci-dessus vous en empêchent, pourquoi ne pas tenter l’expérience avec le dropshipping ?
Le dropshipping est un modèle économique qui permet de se lancer rapidement et à moindres frais dans l’e-commerce.
Le principe est simple : vous ouvrez la boutique en ligne avec les produits qui vous intéressent, qui sont commandés directement auprès du fournisseur de votre choix, dès qu’un client passe une commande.
Ainsi, vous n’avez à gérer ni stock, ni livraison. Cette formule est parfaite si vous avez peu de capitaux à investir ou si vous avez trop peur des risques financiers liés à la création d’entreprise.
Par ailleurs, ces responsabilités moindres vous permettent de vous concentrer sur le business en lui-même : choisir vos produits, vos fournisseurs, élaborer votre stratégie marketing, développer votre marque… le tout avec une grande flexibilité, parfaite pour laisser de la place à votre vie personnelle.
C’est un excellent moyen de tester des choses sans trop vous impliquer, d’avoir une première expérience dans l’e-commerce avant de vous lancer pour de bon.
Consultez nos nombreux articles pour apprendre comment repérer un marché de niche rentable, ouvrir une boutique en ligne, par exemple avec Shopify et faire vos premières publicités et premières ventes.
Ce sera aussi l’occasion de démarrer sous le statut d’auto-entrepreneuse.
Savoir s’entourer en tant que femme entrepreneure
Si cette première expérience s’avère concluante, si l’envie d’entreprendre au féminin est toujours là, rien ne vous empêche par la suite de lancer votre entreprise, une Sarl ou autre. Dans ce cas, n’hésitez pas à rejoindre un réseau d’entrepreneurs, féminin ou mixte.
Seulement 44 % des entrepreneures font partie d’un réseau professionnel (27 % d’un réseau mixte et 17 % d’un réseau féminin).
Non seulement ces réseaux vous apportent toutes les réponses à vos questions, mais ils vous permettent de vaincre vos éventuels doutes et surtout, de trouver des opportunités de business.
Il en existe des dizaines, par région ou par thématiques.
En voici quelques-uns :
Mission : soutenir les femmes dans l’accès aux responsabilités, via l’entrepreneuriat, le top management et la politique.
Mission : réduire les inégalités d’investissements entre les entrepreneurs des deux sexes.
Mission : fédérer les réseaux de promotions de la mixité dans le secteur de la banque, de la finance et de l’assurance.
- Willa (ex – Paris Pionnières)
Mission : incubateur féminin au service de la mixité dans la tech.
Mission : donner de la visibilité et susciter des vocations tech et entrepreneuriales chez les jeunes filles et les femmes.
Alors, êtes-vous prête à devenir une femme entrepreneure ? Vous l’êtes peut-être déjà ?
N’hésitez pas à partager vos envies, vos succès et vos défis !
Découvrir le documentaire Foundation qui suit le parcours de femmes entrepreneures
Shopify est partenaire du documentaire Foundation, créé par la station F. Nous pouvons suivre dans celui-ci le parcours de 4 entrepreneures dans l’incubateur.
Shopify est aussi partenaire de l’association Diversidays qui oeuvre en faveur de l’égalité de chances dans le numérique.
Alors, êtes-vous prête à devenir une femme entrepreneure ? Vous l’êtes peut-être déjà ?
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